Monsieur Macron, abandonnez votre projet funeste de réviser la loi de 1905, publié le 12/03/2019

Gérard Delfau

Gérard Delfau, ancien sénateur (1980-2008), directeur de la collection "Débats laïques" aux éditions l'Harmattan.

 

C’était, il y a bientôt un an, le 9 avril 2018, autant dire un siècle, vous vous rendiez au Collège des Bernardins, pour y être reçu par la Conférence épiscopale des Évêques de France. Vous y teniez des propos surprenants pour un Président de la République : à la fois d’allégeance à l’Église catholique et de repentance pour de supposées offenses que notre loi de Séparation lui aurait fait subir. Cette démarche a blessé cette très grande majorité des Français qui sont attachés à la laïcité, synonyme de liberté de conscience et de paix civile. J’en ai été personnellement meurtri, et même indigné, moi qui ai contribué à votre élection par mon vote et mes recommandations. Nous n’étions pas si nombreux. Je me suis senti floué, trahi, mais j’étais loin de me douter de l’ampleur du reniement. C’est seulement aujourd’hui que je le mesure. C’est pourquoi je vous écris.

Vous vous souvenez de la cérémonie. Pour vous accueillir, il y avait Monseigneur Pontier, président de cette assemblée ; à ses côtés se tenaient le cardinal Barbarin, primat des Gaules, et Monseigneur Ventura, le nonce apostolique, c’est-à-dire, le représentant officiel du Vatican. Or, vous le savez comme moi, le cardinal Barbarin vient d’être condamné à 6 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation de crimes de pédophilie par un prêtre, dont il était le supérieur hiérarchique. Quant à Mgr. Ventura, il vient d’être mis en examen, à la demande de la Mairie de Paris, pour « geste déplacé » sur un de ses employés. Vous me direz peut-être que l’un a fait appel, et que l’autre jouit de l’immunité diplomatique. Mais en quoi cela pourrait-il atténuer la sévérité du jugement que l’on peut porter sur la légèreté de votre démarche de l’an passé ?

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